Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être
Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être
Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être
Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être
Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être
Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être

Détours pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être

par Carole Lévesque

C’est en voulant trouver un raccourci entre les quartiers de Sodeco et Solidere que
Carole Lévesque, alors professeure à l’École d’Architecture de l’Université américaine de
Beyrouth, a découvert Bachoura. Ce secteur, encore en état d’après-guerre, semble avoir été oublié dans la grande opération de reconstruction nationale. Laissé à lui-même, le quartier s’est modifié au fil du temps et des appropriations de la population, créant une autre façon d’utiliser l’espace urbain et d’y vivre. Ces vagues urbains, comme elle les appelle, ces zones qui semblent abandonnées tout en abritant une communauté dynamique, sont la pierre d’assise de ses oeuvres. Dans un travail de documentation visuelle de ce site, dont la transformation est imminente, Carole Lévesque a recueilli des images, mais aussi des anecdotes qui deviennent le matériau principal de son travail. « J’essaie de développer des projets sur des petits lieux propres à ce voisinage, de vraiment partir de leurs histoires, de saisir leur essence en termes de lieux, matériaux et ambiance, de capturer ces moments architecturalement, pour ensuite bâtir ces petits espaces transitoires. »

Les cinq infrastructures mobiles conçues par Carole Lévesque et qui seront présentées sous forme de dessin d’architecture sont de petits lieux imaginés et transportables. « Lorsque Bachoura ne sera plus que l’extension de la nouvelle ville, les infrastructures
permettront aux pratiques bachouriennes de détourner le nouveau paysage. » Ces chambres machines agissent donc comme un témoignage des pratiques urbaines des habitants de ce quartier et reproduisent les qualités des lieux qui les ont inspirées. Par exemple, la Chambre pour partager les choses essentielles s’inspire d’une rencontre de Carole Lévesque avec une vieille dame qui l’invita à partager un café dans sa minuscule résidence pleine de souvenirs précieux. Cette structure en demi-dôme qu’on transporte sur son dos peut se joindre à celle d’un autre porteur et permet, à l’instar de la chambre
de cette femme, l’échange de choses, de paroles et de pratiques essentielles, comme un lieu de rencontre qui disparaîtra suite aux rénovations du quartier. En plus de ces chambres-machines imaginées par Carole Lévesque, une machine à chambres regroupe ses cinq inventions en une seule. À échelle réelle, cette installation mobile peut être
manipulée par le visiteur qui pourra, tour à tour, la pousser, la tirer, la balancer et la toucher et ainsi vivre sa propre expérience bachourienne.

Autour de l’exposition

Crédits photos: @alainlaforest @murielulmer pour l’exposition