Jadis réservés aux domaines pointus de l’aéronautique ou de l’industrie automobile, ces outils, qui nécessitaient des compétences très pointues (connaissance des langages informatiques, de la programmation et de la trigonométrie), sont devenus d’usage courant dans certains milieux de la jeune relève, en architecture, au Canada. Qui mieux que ces jeunes architectes rompus aux arcanes des nouvelles méthodes en architecture virtuelle et fabrication numériques et qui font de ces nouvelles pratiques leur pain et leurs jeux quotidiens, pouvaient  initier le public à ces mystérieuses avancées? Pour le bonheur des esprits curieux, les architectes de l’agence Architecture Open Form ont donc entrepris de rassembler dessins, photos, maquettes et prototypes et d’organiser ces touffus contenus en scénographie immersive. Un début d’exploration dans l’architecture de demain… par ses jeunes praticiens eux-mêmes, avec foultitude d’exemples concrets.

L’exposition Protéiforme : architecture paramétrique permet d’apprécier les pas de géant qui ont été franchis depuis 20 ans. Loin des conceptions strictement virtuelles des applications des débuts, et loin des projets à immenses budgets développés par des firmes internationales, de Frank O. Gehry à Herzog et de Meuron, le paramétrique peut désormais nourrir des projets de toutes échelles et de tout budget, et être exploité avec brio par de jeunes agences locales. Le pont piétonnier Amsterdam conçu par Architecture Open Form et le New Contemporary Art Museum de Buenos Aires par Batay-Csorba Architectes en sont des exemples éloquents !

Mais qu’est-ce que le paramétrique ?

Le paramétrique permet d’élaborer un modèle (sorte d’arborescence comprenant des actions et des liens entre ces actions) au sein duquel plusieurs paramètres peuvent être modifiés. Chaque fois qu’un paramètre est changé, de nouvelles possibilités sont générées. Les paramètres peuvent être des angles, des longueurs de segments, des courbures, etc. Un architecte se servira du paramétrique pour optimiser une structure, donc s’assurer de n’utiliser que la quantité de matière nécessaire. Il pourra aussi l’utiliser, et c’est souvent le cas, pour effectuer une recherche formelle. Le paramétrique, dans ce cas, permet d’atteindre un haut niveau de complexité et produit souvent des formes qui rappellent celles de la nature (biomorphisme). Les outils paramétriques peuvent également, du point de vue plus constructif que conceptuel, servir à définir la découpe des éléments d’une forme ou à élaborer des systèmes d’attache. Le « Protéiforme » du titre de l’exposition peut être compris comme s’appliquant tant au processus du paramétrique pris en lui-même, qu’aux divers usages qu’il induit qu’au travail de conception de l’architecture d’avant-garde qui se modifie sous nos yeux…! Architecture Open Form a poussé le concept jusqu’à concevoir le design même de l’exposition en se basant sur certains paramètres préétablis (selon les phases de projets et formats de papier variés). Reste à voir comment le paramétrique évoluera au fi l du temps. Est-ce qu’il s’avérera être le nouveau style architectural et urbain décrit par certains et nommé « paramétricisme »?

Vidéo de la construction du pavillon « Contemplay » avec Design Research Studio (McGill University)

_{Exposition en tournée – 5 novembre au 13 décembre 2013 à L’université de Laval}

_{crédits photos : @anniefafard @alainlaforest @murielulmer}