Strip-tease | Quartier Des Spectacles

Atelier réflexif sur l’imaginaire et la mise en scène de l’espace public

L’espace urbain se transforme et se resymbolise constamment. À travers ces mutations, des imaginaires se forment, se frottent et se déforment; des lieux naissent, éclatent, se rétractent et meurent. Qu’ils le veuillent ou non, ceux qui conçoivent, mettent en scène, occupent ou consomment l’espace public sont parties prenantes de ce processus. Strip-Tease QDS se veut l’occasion pour ces protagonistes de l’espace public montréalais de se rencontrer, de questionner leur relation à l’imaginaire et de réfléchir sur leur propre pratique.

L’événement s’est tenu au cœur du Quartier des spectacles, point de départ à la réflexion. L’atelier a débuté au Parc de la Paix par une visite racontée du Quartier des spectacles, qui a amené les participants à faire l’expérience du lieu par la musique (Mutations) et la poésie (Rose Eliceiry, Christine Germain, Jonathan Lamy) et à rencontrer quelques-uns des personnages du Quartier des spectacles, dont Pierre Dénommé de Sentier urbain, Éric Paradis du Club Sin, et le prêtre Keith Schmidt de l’Église au toit rouge. Il y a eu ensuite une conversation publique avec sept panélistes au Cabaret Cléopâtre.

Parmi les principaux thèmes et pistes de réflexion qui sont ressortis des discussions, on peut mentionner:

Friction vs. fluidité
Les frictions et les conflits symboliques dans l’espace, dans l’usage de la langue et dans l’imaginaire même font partie intégrante de l’espace public à Montréal et participent à son dynamisme. Cela dit, la fluidité du mouvement et des identités dans l’espace est aussi indissociable de l’esprit du lieu. Ces deux qualités de l’espace public montréalais sont à la fois contradictoires et constituantes l’une de l’autre. Ceci étant, on peut se demander si ces qualités peuvent être « aménagées » et s’il est de la responsabilité du concepteur de les rendre possibles.

Le permanent vs. l’éphémère
L’espace public montréalais, dans le Quartier des spectacles et ailleurs, est de plus en plus occupé et mis en scène par divers promoteurs d’événements qui « utilisent » l’espace pendant de courtes durées. Cette occupation transitoire mais totale de l’espace public met en tension le permanent et le temporaire, ce qui passe et ce qui reste, le mobile et l’immobile. Cette tension ouvre un dialogue nécessaire entre le concepteur de l’espace et le promoteur d’événement, mais la notion de durée reste problématique – doit-on concevoir l’espace public pour ceux qui l’utilisent aujourd’hui et pour ceux qui l’utiliseront au fil du temps?

L’ici vs. l’ailleurs
L’identité du lieu n’est jamais définie en vase clos; c’est à travers la confrontation, l’imitation, l’intégration et/ou le rejet par rapport à « l’ailleurs » qu’elle se précise, se cristallise ou s’effrite. L’identité du Quartier des spectacles – et du centre-ville de Montréal, de manière générale – est de plus en plus remise en question par l’émergence (dans la réalité comme dans l’imaginaire) de lieux « culturels » périphériques tels que le Quartier 10/30. Certains prétendent que le développement du Quartier des spectacles suit la même logique que le développement des « power centers »; d’autres affirment que c’est le processus inverse qui est à l’œuvre. Quoi qu’il en soit, l’ici ne peut pas (ne peut plus?) faire abstraction de l’ailleurs.

Quatre ans après la mémorable journée Strip-Tease QdS au cœur du Quartier des spectacles, la MAQ est heureuse d’accueillir le lancement de l’ouvrage Le Quartier des spectacles et le chantier de l’imaginaire montréalais :

Au tournant de l’an 2000 apparaît l’idée de créer, dans l’est du centre-ville de Montréal, un quartier des spectacles. Pendant plus de 10 ans, ce projet mobilise la classe politique montréalaise, l’administration municipale, les élites culturelles, le monde de l’immobilier et celui du design. Son importance n’échappe à personne : le Quartier des spectacles sera, à Montréal, le grand projet urbain des années 2000. Ce premier ouvrage consacré au Quartier des spectacles pose les bases d’une histoire du projet et propose une lecture multidisciplinaire de l’espace qu’il a produit.

Avec des textes de Jonathan Cha, Eleonora Diamanti, Robert Schwartzwald, Claire Néron-Déjean, Josianne Poirier, Thomas-Bernard Kenniff, Nik Luka, Jaimie Cudmore, Pierre-Étienne Gendron et Vladimir Mikadze.