Au diable le 5 à 7, la table ronde, la conférence. Vive la formule, signée MAQ, du « Café des Z’A » ou Café des architectes ! Inspirés du temps des Lumières et des cafés philosophiques, ces rendez-vous décontractés donnent, à dates régulières, l’occasion de jaser entre amis, collègues, citoyens, comme on le ferait au bistro du coin. Chaque « cafetier invité » dispose de cinq minutes chrono pour un exposé illustré, histoire de nous mettre le sujet en bouche. Puis, sous la direction amicale du modérateur, c’est parole à tous ! Quoi de méconnu sur le thème, qu’est-ce que vous en dites, qu’est-ce qui vous réjouit, vous enrage ? Passez donc au Café, qu’on en discute…
Avant même de parler d’architecture outsider, il est utile de revenir sur la notion d’art brut, point de départ de la recherche entamée en 2003 par Katherine Lapierre. Néologisme dû au peintre Jean Dubuffet, l’art brut rassemble les oeuvres de ceux qui n’ont pas reçu une formation artistique classique. Illuminés, reclus, mystiques, anarchistes, révoltés ou simples âmes sensibles sont parmi les auteurs de cet art « hors norme ». Ceci dit, n’est-il pas paradoxal de nommer, d’exposer et de codifier un art qui, par définition, se situe hors des circuits officiels ? Dans le domaine de l’architecture, la question s’ajoute à de nombreuses autres, dont la principale : Peut-on parler d’architecture brute ? La discipline est effectivement assujettie à quantité de règles (urbanisme, habitabilité ou pesanteur), qui rendent difficile toute démarche de construction qui ne s’accompagnerait pas d’un minimum de connaissances. Aussi, Katherine Lapierre abandonne-t-elle très vite la terminologie de Dubuffet pour se lancer dans un inventaire qui l’amènera à parcourir le Québec, mais aussi la France et la Belgique. Cet inventaire prendra le nom d’architectures outsider. Architectures outsider, toutes sont d’un modèle unique ayant en commun… leur disparité même! Cette folle compilation pourrait-elle inspirer de nouvelles lignes de conduites chez les professionnels ? Nos invités, théoriciens et praticiens, artistes et architectes, discuteront de la pertinence du concept, et plus encore de sa capacité à nourrir le réel, à un moment où il semble plus qu’urgent de réveiller les esprits et de réinventer les manières de faire ! Mouvement d’auto-construction, architecture participative, habitat collectif… On voit poindre çà et là toutes sortes d’initiatives originales et désireuses de sortir des sentiers battus. Mais peut-on vraiment apparenter celles-ci aux courants brut, naïf ou outsider ? Le cas échéant, quels seraient les liens entre ces réalisations et leurs homologues en peinture ou en sculpture ? Jadis à la marge, les architectures outsider pourraient-elles se révéler une source d’enseignement pour la pratique ?
Programme
Projection du film de Bernard Lévy, critique d’art, via la (réal. Paul Simon), La maison qui n’est plus une maison, à propos du peintre Serge Lemoyne et de l’aventure de sa maison.
Conversations avec
Caroline Andrieux, directrice de la Fonderie Darling; Jérôme Lemieux-Bouchard, architecte auto-constructeur; Jérôme Ruby, artiste plasticien; Katherine Lapierre et Sophie Gironnay, modératrices.