« Une ville dans la ville », c’est en ces termes que le projet d’un nouveau quartier résidentiel de 7 000 unités à être bâti sur le site de l’hippodrome de Montréal était annoncé en 2009, par le maire de Montréal de l’époque… Depuis, le site se dégrade lentement, laissant davantage l’impression de l’avènement d’une nouvelle campagne dans la ville, que d’une ville en devenir…
Dans les années 1950, l’hippodrome de Montréal était une destination de loisir incontournable au Québec. Mais après 2009 et la fin complète des activités sur le site, celui-ci devient une des plus grandes friches de tout le territoire de l’île. Loin d’être un simple terrain vacant, l’hippodrome et ses installations témoignent d’une relation unique entre l’univers hippique et le citadin, entre la campagne et l’urbain. La puissance esthétique de ces lieux en transition doit être considérée. Depuis l’annonce du nouveau projet de reconversion, j’ai pris le parti de documenter la totalité du site, en plusieurs visites et en diverses saisons. L’objectif de ce projet est de mettre en lumière la relation entre la valeur esthétique et historique du site et sa lente dégradation. J’ai mis en scène divers endroits évocateurs de chaque sous-activité, comme les estrades, les locaux administratifs, les salles de jeu et de pari, les écuries, et les salles des jockeys.
Ce projet d’exposition s’inscrit dans ma réflexion sur l’apport esthétique des aménagements, sur le genius loci, l’« esprit du lieu ». Cette série vise à mettre le spectateur au coeur de cette ambiguïté pittoresque : celle d’un site laissé aux aléas de l’abandon et de la nature, à l’aube de sa transformation.
Biographie – Alexandre Cv
Détenteur d’un baccalauréat en Histoire de l’art et Design des jardins de l’Université de Montréal, le Montréalais Alexandre Cv se tourne vers la photographie en auto-didacte à partir de 2009. Fasciné par les enjeux urbains et paysagers, il écrit pour le magazine Spacing en plus de travailler en revitalisation urbaine et participation citoyenne à Montréal.
Président du conseil d’administration de la Galerie Espace projet, il agit aussi comme commissaire et a organisé des concours photographiques et expositions collectives telles que Dix étapes (faciles) pour révolutionner le monde par l’art (Espace projet, 2013) ou Chantiers (Palais des congrès, 2011).
Son travail de photographe a été vu dans plusieurs expositions collectives à Montréal et Toronto. Parmi ses expos solos, citons Et in Arcadia Ego, Hôtels de luxe abandonnés de l’île de Huahine, Polynésie (Espace projet, 2010).
Crédits photos : @alainlaforest, @murielulmer; installation sonore @audiotopie