Café des Z’A 10e – Les voyages forment-ils l’urbaniste ?

Café des Z’A 10e – Les voyages forment-ils l’urbaniste ?

Au diable le 5 à 7, la table ronde, la conférence. Essayons ensemble la nouvelle formule du Café des Z’Architectes ! Ces rendez-vous décontractés donnent, à dates régulières, l’occasion d’échanger, entre amis, collègues et citoyens, comme on le ferait au bistro du coin.

Pour le Café de cette rentrée, on part en voyage à la suite de l’architecte Carole Lévesque qui expose Détours, pour aller là où l’on n’a pas besoin d’être, un récit sensible de ses aventures dans un secteur de Beyrouth laissé en l’état depuis la guerre civile, Bachoura. Ce sera l’occasion d’un débat sur les enseignements et les pièges du voyage d’expert dans ces zones qu’on dit informelles. Comment comprendre et aborder le quartier informel non occidental ? Que s’y passe-t-il exactement ? Comment ça marche? A-t-il besoin de nos expertises, ou bien, au contraire, n’a-t-il pas plutôt de grandes leçons à nous donner sur l’art d’ordonner la vie sociale ? Y flâner, s’y perdre, s’y abandonner, pour mieux capturer l’essence de son quotidien, n’est-ce pas le meilleur moyen de parvenir à des solutions sur mesure pour l’aider à se planifier? Ou croire cela est-ce, au contraire, céder au charme d’un pittoresque qui n’est que dans l’œil de l’Occidental ?

Les voyages forment-ils L’urbaniste ? Car pour l’architecte voyageur comme pour l’urbaniste coopérant, la question se pose du choc des cultures. Le quartier informel moyen-oriental, à l’exemple de Bachoura et comme dans d’autres coins de la planète, s’organise spontanément, autour de règles implicites, difficiles à détecter. Les réseaux d’eau potable et d’électricité y font souvent défaut, les chats surveillent les poubelles et les habitants s’approprient librement la rue et ses trottoirs. Souvent parsemés de terrains vagues et de constructions illégales, ces secteurs abandonnés par la planification officielle questionnent et surprennent l’expert étranger. S’y devine une sorte d’urbanisme vernaculaire, qui fonctionne à sa façon. Si Carole Lévesque a tiré de ses déambulations des oeuvres artistiques personnelles, d’autres experts de la mise en forme auraient eu, peut-être, à sa place, le réflexe d’imaginer un plan d’aménagement plaqué ou des solutions importées, dont les Bachouriens n’ont peut-être nul besoin. Bref comment s’échangent, comment dialoguent, les cultures urbaines différentes? Vers quels futurs ces quartiers anarchiques se dirigent? Que nous enseignent-ils, que peut-on leur donner ? Comment questionner, que penser, des démarches de documentation en urbanisme international, aujourd’hui ? Passez au Café, qu’on en discute !

Cafetiers invités

Les architectes Carole Lévesque, Georgia Cardosi, Mazen Chemseddine et Joëlle Khoury, ainsi que Jacques Fisette, professeur d’urbanisme.

Avec Laurent Lussier, chercheur en urbanisme, modérateur

Crédits photos: @murielulmer