Dessins à dessein

Dans une exposition majeure réalisée par notre équipe, dix-huit concepteurs et agences de Montréal, Québec, Calgary et Vancouver révèlent leurs plus beaux croquis, leurs esquisses les plus parlantes, et s’expliquent sur leurs usages… Pour notre plus heureuse délectation !

Premières intuitions, idées spontanées posées sur un bout de calque, ébauches de projet, carnets intimes, échanges griffonnés sur plans sont autant de témoignages récoltés pour offrir une large illustration de l’emploi actuel du dessin, dans la pratique architecturale d’ici et d’aujourd’hui.

Parallèlement aux traits posés sur le papier qui en disent long sur la personnalité comme sur les inspirations propres à chacun, des citations choisies des exposants jalonnent ce parcours, et font écho aux préoccupations actuelles des architectes. Les textes en salle reproduisent l’essentiel des entrevues faites auprès des architectes, lors de la recherche et de la sélection des œuvres à leurs ateliers.

Les commissaires Sophie Gironnay et Cécile Combelle ont interrogé des concepteurs de haut calibre et de toutes les générations, depuis les grandes figures telles Dan S.Hanganu ou Robert Magne, les artistes assumés à la Pierre Thibault ou la Andrew King, jusqu’aux plus notoirement numérisés talents de la relève, tels bisson associés, architectes ou Open Form, en passant par les « entre-deux » à la Vladimir Topouzanov, Steve McFarlane, Atelier Big City ou Alain Carle…

Que les nostalgiques se rassurent, que les sceptiques soient confondus : le dessin est plus vivant que jamais, âge numérique ou pas. « Le dessin lance le défi; l’ordinateur le vérifie, le confirme ou pas, mais surtout prend soin qu’on reste ancré dans la contemporanéité », affirme Dan S.Hanganu. Une collaboration pacifique est en train de s’organiser entre analogique et numérique, au point que Maurice Martel (Open Form) annonce que les outils de l’avenir se rapprocheront du « trait naturel ». En attendant, les malicieux Howard Davies et Randy Cohen (Atelier Big City) se servent de la souris comme d’un crayon, comme un pied de nez à l’ordinateur, tandis que Jonathan Bisson (bisson
associés, architectes) dessine sur sa tablette IPad comme sur une feuille de papier. Bref, le dessin, comme le dit si justement Maxime-
Alexis Frappier « demeure l’écriture de l’architecture… », le vocabulaire par lequel on élabore et communique. Sans le bon crayon, dit-il… « T’es foutu! » Jean Verville dessine comme il respire jusqu’à obliger ses clients eux-mêmes à s’exprimer par le dessin, comme pour mieux propager son vice! Robert Magne se sert de carnets chronologiquement datés, comme autant de journaux intimes. Si Pierre Thibault dessine sur le motif, sur les sites ou en voyage, Jean-Pierre LeTourneux, lui, homo urbanus, parcourt et s’imprègne de la ville, dans une perspective d’insertion urbaine, avant de s’enfermer quelques heures, le temps de griffonner, fébrile, l’essence d’une idée qui s’envolera papillonner sur les bureaux de ses cent collègues, en guise de bougie d’allumage.

Présentation biographique des exposants et/ou de la firme !