Reprise en tournée de l’exposition présentée à la MAQ en 2014 !
L’occasion est exceptionnelle de découvrir, pour une fois, les qualités intrinsèques de ce travail photographique pour lui-même et en lui-même, dans une mise en place réalisée pour créer l’intimité entre l’œuvre et le visiteur. Teintes, cadrages, atmosphères nous promènent du port aux faubourgs, des années 50 aux années 80… Omniprésente et multiforme, la photo accompagna Melvin Charney tout au long de sa quête artistique. Il a pratiqué la photographie dès l’âge de dix ans et dès le départ, racontera-t-il, elle fut « une manière d’assimiler le monde urbain et industriel en pleine expansion qui m’entourait.» Aussi, par sa sélection, le commissaire invité Alain Laforest (photographe d’architecture lui-même) a-t-il choisi de mettre en évidence le regard de Charney sur l’architecture et la ville et son intérêt marqué pour l’architecture vernaculaire, s’arrêtant aux années 80.
Il écrit : « Ces photos, malgré leur formalisme, dégagent pour moi une sensibilité, une poésie qui nous parlent de l’humain, peu présent dans ces images mais qui est auteur et acteur des lieux photographiés, de ces modestes maisons souvent près d’un état de ruine, du moins d’un abandon avancé, d’un monde en disparition. « Ces photos, fortes et cohérentes, parlent du vide, de ces espaces entre les choses mais aussi de l’histoire derrière les sujets, suggérée par eux. C’est une sensibilité qui évolue, se concentre avec les années en force expressive par la simplicité même de leur composition, petites maisons en vue frontale où l’on sent la vie qui s’y passe ou y est passée, mais aussi toute l’importance de ces modestes constructions et des gens qui les ont construites et habitées. » Ou pour citer Melvin Charney lui-même :« Les photographies sont des choses en soi, autonomes et abstraites. Et ce qui est « là » dans l’image n’est pas ce que nous voyons. »
Biographie
Né à Montréal, Melvin Charney (1935-2012) a travaillé toute sa carrière sur les frontières entre l’art et l’architecture. Son art, célébré internationalement, a employé une variété de médiums dont la photographie, le montage, la peinture, la sculpture et l’installation temporaire ou permanente. Il a représenté le Canada lors de la 42e Biennale de Venise, Exposition internationale d’art (1986) et la 7e Biennale de Venise, Exposition internationale d’architecture (2000). Entre autres distinctions, il a reçu, en 1996, le prix Paul-Émile Borduas du gouvernement du Québec et le prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton du Conseil des Arts du Canada. Sa longue carrière de professeur fut ponctuée de plusieurs interventions dans les débats à propos de l’architecture et de la vie urbaine à Montréal et son héritage est aussi celui d’un critique architectural prolifique.
Crédits photos: exposition @alainlaforest